Dans cette nouvelle chronique, « Le saviez-vous ? », notre correspondante, Virginie Pospisil Puente, propose de nous faire partager ses recherches et ses rencontres
Août 1944 : les Allemands se retirent progressivement du Minervois en laissant derrière eux de douloureux souvenirs. Certains habitants sont encore parmi nous pour témoigner. Marcel Julien, enfant de Caunes-Minervois, du haut de ses 95 ans, raconte que l’occupant prévoie son repli en empruntant la route Carcassonne-Caunes-Lespinassière pour retourner en Allemagne. Afin d’assurer une protection continue, des trous d’homme de deux mètres de long, quatre-vingt centimètres de large, un mètre cinquante de profondeur sont creusés en bordure de la route tous les cinq mètres. En cas d’attaque par voie aérienne ou terrestre, les soldats pourront se mettre à l’abri. Les maquisards ne sont pas loin.
Ces trous ont été creusés par les jeunes hommes du village mais n’ont jamais servi : l’occupant n’a pas subi d’attaque le long de la route ; elles avaient lieu souvent aux entrées de village et carrefours. L’hiver suivant, ces trous ont été bouchés en effectuant une plantation de robiniers dont certains sont encore en place. Depuis trois ans, ces arbres qui ont une histoire liée à la guerre de 1939-1945, sont coupés et bien évidemment, ils ne sont pas remplacés. Ils « appartiennent » au Département pour l’essentiel. Leur aspect rachitique n’a pas de quoi ravir : les coupes sont mutilantes et d’un coup de cisaille ou de tronçonneuse, l’histoire s’envole à tout jamais. Le hic, c’est que l’Histoire ne s’écrit plus, comme si en temps de paix, l’immobilisme s’imposait. Alors à quand leur classement ou leur remplacement ?
Texte et photo Virginie Pospisil Puente