Leçon pratique d’instruction civique et de jeu parlementaire ce jeudi 8 avril en suivant le débat en séance plénière de la proposition de loi « pour la protection des langues régionales et leur promotion ».
Pour un vote conforme

Enjeu : pour un vote définitif, l’adoption du texte dans la version conforme à sa rédaction revenue du Sénat : les sénateurs y ont inclus des articles en faveur du développement de l’enseignement. Un face à face pour cinq heures de débat entre le promoteur du texte, le député breton Paul Molac, et le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer, bien déterminé à empêcher l’adoption.
Le ministre qui aimait les langues régionales
Le ministre se prévaut d’un amour immodéré pour les langues régionales, amour sublimé dans les textes de la réforme du lycée et du baccalauréat mais, comprenez-vous, je suis ministre de la République et le français langue de la République, et alors… Les élus, de tous bords et de tous les territoires, démontent la mécanique gouvernementale : l’impossibilité pratique de suivre les options, le nombre des bacheliers en baisse, les déficits en formation, l’acharnement juridique autour du petit Fañch…
On ergote : faut-il dire «langue régionale» ou «langues de France» ; «sauvegarder» ou «protéger» ; plus, des spécialistes du «Je suis pour…, mais…». Paul Molac ne sort pas de sa ligne : le vote conforme. Contredisant Blanquer, de tous les bords politiques (hors les élus France insoumise, soutiens paradoxaux du ministre) et de toutes les régions montent les témoignages, une demande sociale, un intérêt certain, la nécessité d’une biodiversité linguistique et culturelle, l’urgence d’agir efficacement et sans délai pour les langues que la politique constante de l’État français a menées à être classées en danger d’extinction par l’UNESCO.
Les articles-clés adoptés
À 13 heures, l’article en faveur d’« un enseignement immersif en langue régionale sans préjudice de l’objectif d’une bonne connaissance de la langue française » est adopté malgré la demande de retrait du ministre.
Les débats reprennent autour du forfait scolaire que les municipalités devraient payer pour les enfants scolarisés dans une commune voisine dans un établissement privé (comprendre ici : associatif) assurant un enseignement en langue régionale. L’article avait été invalidé en Commission Culture, mais c’est un nouveau vote favorable au texte conforme.
Un vote positif clair et net
Il est 16 heures quand vient l’heure du vote public final. Les groupes donnent les consignes de vote : contre FI et En marche, liberté de vote chez les communistes, favorable à divers degrés pour les autres formations (unanimité pour les groupes socialistes et Libertés et territoires). Le vote électronique permet d’avoir la décision nette dans la minute :
Votants : 342
Pour : 247 - Contre : 76
Le texte est adopté. Les députés de terrain n’ont pas suivi les consignes : les deux députées et le député audois, tous trois En marche, se sont prononcés favorablement. Ce vote est une grande satisfaction pour tous les défenseurs de l’occitan et des autres langues qui ont su se fédérer dans le Collectif Pour Que Vivent Nos Langues pour mener une campagne d’explications et de médiatisation et pour convaincre les élus.
Et maintenant ?
Maintenant, il faut que cette loi soit promulguée, que le Conseil constitutionnel ne se mette pas en travers du chemin et que les articles votés se concrétisent sur le terrain pour répondre efficacement à une demande citoyenne, sociale et culturelle.
Alan Roch
Lo vòte dels deputats d'Erau:
Per: 6
Patricia Miraillès - Ièra - LRM
Philippe Huppé - Vena - Agir Ensemble
Emmanuelle Ménard - VIena - RN
Christophe Euzet - VIIena - Agir ensemble
Nicolas Demoulin - VIIIena - LRM
Patrick Vignal - IXena - LRM
Contre: 1
Jean François Eliaou - IVena - LRM
Absentas: 2
Muriel Resseguier - IInda - FI
Coralie Dubost - IIIna - LRM