La mairie préempte sur l'achat d'un terrain, au lieu-dit les Balmes, où vit et travaille, depuis 2014, un collectif de six personnes, les poussant ainsi à quitter les lieux.
L'histoire commence il y a plus de 20 ans, lorsqu'un couple achète le terrain communal dit " Les Balmes", le long de la rivière, la Cessière, afin de démarrer une production de spiruline. En 2013, ils décident de stopper leur activité et confient le gardiennage et l'entretien du site aux actuels résidents. Depuis 2014, ce collectif de six personnes occupe et entretient le site. « Nous tenons à ce lieu, nous le respectons, le préservons, nous l’avons protégé des incendies et entretenu à nos frais la piste qui y mène. Nous avons pris à notre charge le nettoyage de l'activité précédente et utilisé les infrastructures viables existantes. Puis, nous y avons entrepris des activités d'élevage biologique plein air (cochons, poules pondeuses), de maraîchage en permaculture, fertilisation des sols, plantation d'arbres fruitiers, apiculture, dans une logique d'autonomie. Nous utilisons uniquement des produits naturels pour nos usages domestiques et professionnels. Nous ne sommes pas domiciliés légalement sur le site, mais nous y vivons et n’avons ni l’envie, ni la possibilité, d’aller ailleurs ».
Site dégradé pour les uns, valorisé pour les autres
En janvier 2020, quatre d'entre eux, dont un agriculteur, signent un accord de vente avec les propriétaires pour quatre parcelles Natura 2000. Dans un courrier du 27 avril, le maire, Francis Barthès, signifie aux occupants « qu'il est nécessaire pour la commune de préempter (…) compte tenu de l'intérêt que présente le site dans le cadre de la protection, la mise en valeur, et l'ouverture au public du Pech et des abords de la Cessière ». Dans un second courrier daté du 28 avril, le maire motive sa décision : « Ce secteur est fragile et doit être protégé des effluents agricoles et de tout rejet domestique (…) Il s'agit donc d'un site naturel particulièrement important à protéger et à mettre en valeur. (…) La commune commencera un programme de nettoyage et de dépollution afin de mettre en valeur cet espace fortement dégradé par une occupation non conforme à la destination naturelle de ces espaces ».
A cela le collectif répond, qu'ils n'ont fait qu'utiliser les infrastructures existantes pour lancer leurs activités agricoles. Une caravane, une toilette sèche, un cabanon en palettes pour le rangement du matériel agricole et deux poids lourds ont été ajoutés. « Nous n'utilisons que des produits issu de la nature pour nos activités agricoles et domestiques, lessive à base de lierre, produit vaisselle au savon noir ou marc de café, purin de plantes dans le jardin, nourriture biologique et compost pour les animaux. Nous faisons de la prévention incendie, avons installé des extincteurs, allons faire une demande pour une cuve en cas d incendie. (…) Nous plantons des arbres fruitiers et des fleurs pour attirer les insectes pollinisateurs. (…) Nous avons créé des bassins de rétention pour les têtards qui mourraient systématiquement avec la sécheresse de la Cessière ». L'annonce de la préemption les a surpris, ils disent n'avoir jamais reçu d'avertissement.
Risque d'inondation
Interrogé, Francis Barthès, met en avant la sécurité des habitants liée au risque d'inondation. Il se dit favorable à une activité agricole mais pas de domiciliation, les parcelles étant sur une zone inondable : « il s'agit d'un problème de responsabilité, c'est une question de sécurité publique ». Effectivement, les habitants ont vécu une crue importante de la Cessière en octobre 2018. « Nous avons du nettoyer tous les déchets des villages en amont, transportés par la rivière. Depuis nous avons déplacé nos habitations plus en hauteur. Mais à l'époque, personne n'est venu nous aider, personne ne s'est préoccupé de notre sécurité ». A l'heure du bouclage une réunion est prévue avec le maire mardi 19 mai, chacun espérant trouver une issue favorable. Une pétition de soutien en ligne a recueilli 243 signatures.
Lydie Rech