La Semaine du Minervois

Hebdomadaire du territoire Minervois

  • Accueil
  • Nos sections
    • Tous les articles
    • Toutes les brèves
    • Toutes les humeurs d’Alfred
    • Tous les éditos
    • Toutes les unes
    • Toutes les pages Jeunesse
  • Nos points de vente
  • Nos annonces
    • Annonces légales
    • Petites annonces
    • Publicité
  • S’abonner
  • Soutenez le journal !
  • Qui sommes-nous ?
    • L’équipe
    • Correspondants
    • Écrivez !

L’adieu al Miquèl Decòr

11 juin 2021 By Redaction

Jeudi 27 mai, Miquèl Decòr/Michel Decor nous a quittés. Il avait probablement rendez-vous dans un café hors du temps de Marcelin Albert avec Achille Mir, Léon Cordes et Jean-Marie Petit pour une partie de cartes.

Il était né à Bize-Minervois en 1949 dans une famille modeste : le père cantonnier, la mère au foyer. Ses études le menèrent au lycée Henri-IV de Béziers où il eut Ives Roqueta comme professeur.

C’est aux temps de révolte de mai 1968 que l’enfant du Minervois révéla ses talents poétiques. Dans son recueil L’estofat que mitona, que Joan Larzac s’empressa d’éditer dans sa collection militante 4 Vertats, Patric, Martí et Eric Fraj puiseront des vers à mettre en musique. L’un de ses textes pacifistes va se répandre comme un long serpentin : le défilé militaire est détourné en manifestation carnavalesque et bon enfant : Farai de Carnaval la fèsta nacionala.

Son temps d’enseignant en coopération va lui permettre de découvrir l’Afrique du Nord où il découvrira un rapport avec la nature et des relations humaines qui se rapprochent, répondent et complètent son jardin d’Eden : le pays minervois. Des terres où un cabanot de vigne aménagé sera pour lui un lieu permanent de ressourcement et de motivation littéraire.

Professeur (de français et d’occitan) à Narbonne, il va participer aux activités du Cercle Occitan local, au sein duquel il animera un atelier de langue. Il sera toujours un membre actif de l’Institut d’Estudis Occitans. Il sera d’ailleurs président de la section audoise quelques années jusqu’au début 2018.

Il ne cessera jamais d’écrire, des textes courts et précis, clairs et évocateurs : les vers écrits à la main s’alignent jour après jour dans des cahiers titrés au départ selon la couleur de leur couverture ou leur lieu principal de rédaction ou d’évocation. Ces textes seront ensuite repris dans des publications régulières.

Une œuvre riche et tellement humaine

La plus grande partie de son œuvre est éditée dans la collection Vendémias de l’IEO-Aude : Lo pastre de las estelas (1993), La nuèit esquiçada (2001), Eiretièrs de la Luna (2008), Passejada menerbesa (avec traductions en anglais et en francçais ; 2010), La camèla blanca (2010), Soledre (2014). Un nouveau recueil La mar sus las espatlas se trouvait chez l’imprimeur en ce début mai. Les liens avec la Nature, une tendresse pour les animaux sauvages (le blaireau, le renard,…) ou pas (le chien, l’âne,…), l’aridité du Minervois, des Cévennes ou du désert, une soif de paix, des souvenirs de faidits ou d’Espagne républicaine, la recherche de la paix et de la sérénité, une quête d’amour font la trame qui poursuit la course lente du temps, qui découvre des ailleurs,…

Récemment, Troba-Vox, animé par Franc Bardou et Gerard Zuchetto, a accueilli ses publications bilingues : Letras de Mogador (2017) et Quasèrn valdés (2019).

En 1998, Aura Produccions a consacré l’un de ses coffrets Trésors d’Occitanie à son œuvre où il s’était fait lecteur de ses textes, ce qu’il ne dédaignait pas de faire en solitaire ou accompagné de musiques.

De ses interventions auprès des enfants de la Calandreta de Carcassona naquirent deux livrets  : les poèmes Las tretze dichas (1999) et le récit de La Sarramauca (2004). L’IEO publia en 2005 dans sa collection jeune public Bib’Òc, un recueil de contes : L’ase de Josèp.

En 2007, paraissait chez A Tots, un recueil de nouvelles : Agost de guèrra, des fictions sur la guerre de 39-45 qui étaient appuyées sur des recherches et rencontres faites en Languedoc. D’autres projets du même type sont restés en gestation.

En 2014, il écrivait en compagnie de Miquèla Stenta, un texte à lire et chanter La Controversia de Puègnautièr. Ils sont également les auteurs d’un récit pour une promenade théâtralisée sur l’histoire de Bize à l’occasion d’un récent Total festum.

Per la patz…

Miné par la maladie, installé en Cévennes, il continuait d’écrire : les muses ne connaissent pas le repos. Il consacrait une partie de son temps aux relations entre auteurs du Comité des Écrivains pour la Paix du PEN-Club pour qui il se fit organisateur de rencontres à Narbonne. Début mai, il rédigeait ses participations écrites pour le projet Sextina en país d’Òc à mener à l’automne prochain avec une demi-douzaine de poètes d’Oc sous l’égide de l’Université Jean-Jaurès. Mais la Grande Faucheuse en a décidé autrement…

Les lettres d’Oc et le monde occitan ont perdu une grande voix. Ses obsèques se sont déroulées ce mercredi 2 juin à Bize et il repose désormais à Ginestas, bercé par le cers et le marin, voire sous la poussière de quelque coup de sirocco lui rappelant de bons souvenirs.

Mais quand instituerons-nous le jour de Carnaval comme fête nationale ?

Alan Roch

Hommage

• TrobaVox et l’IEO-Aude lancent un appel à ses amis et aux poètes d’ici et d’ailleurs pour une publication de poèmes et de textes en hommage à Miquèl Decòr.

Contact : bardou.franc@wanadoo.fr

Per 2021

• Chaque année, immanquablement, pour le Premier de l'An, Miquèl Decòr rédigeait un poème de vœux. Voici le texte qu'il proposait début janvier :

Lo fuòc sacrat Le feu sacré
De la lenga de la langue
Dels rèires, des ancêtres, 
lo menar amb las mans l’apporter dans les mains
Dins un tesse de cruga dans un tesson de cruche
Fins a « Sòl Invictus » jusqu’à « Sol Invictus »
De l’annada de la prochaine
Que ven… année…
E lo coar et le couver
D’amor d’amour
Coma còr comme le coeur
De l’aimada, de l’aimée,
Quora l’aigat arriba lorsque grondent l’orage
Amb tron le tonnerre
Emai vent ; et le vent ;
E se dire qu’aquò et se dire que cela 
Serà plan sera bien
Sufisent… suffisant…

Lo camin del silenci

• En 2003, La Semaine du Minervois publia l'un de ses poèmes que Patrice Cartier intégra à son anthologie Nouvelles du Minervois (2005) :

Lo camin del silenci

Èri vengut per dire, un darrièr còp, qsu'espèri cada jorn que lo solelh se lève e que lo ser vengut se pòsque plan colcar.
Lispa lis e leugièr lo tron de las colèras d'un mond en desbarruta e comol de sas guèrras…
Alavetz, faire petar de l'uèlh al viure grandaràs e puèi abans lo jorn, caldrà virar lo cap e me'n tornar leugièr viure lo meune biais.
Lo camin qu'es davant e que mena al silenci, cap a mai luènh se'n va.

Le chemin du silence

J'étais venu vous dire, une dernière fois, que j'attends tous les jours que le soleil se lève, et que le soir venu il puisse se coucher.
Le tonnerre rageur d'un monde fou de guerre glisse sournoisement…
Alors, je jetterai un regard sur le monde et puis, avant le jour, je tournerai tranquillement la tête pour repartir plus haut, vivre à ma façon.
Le chemin qui est devant et qui mène au silence, vers le lointain s'en va.

Classé sous :Actualités Balisé avec :Cercle Occitan, décés, hommage, Michel Decor, Miquèl Decòr, occitan, poésie, professeur

Jean-François Hébraud : savoir pour comprendre

10 juin 2020 By Redaction

Jean-François Hébraud cœur de son "jardin botanique" de Lespinassière

Des palmiers, un yuka, une pléaide d'iris aux couleurs vives et même des bananiers, c'est dans son petit « jardin botanique » de Lespinassière que ce professeur de biologie hors du commun a reçu La Semaine du Minervois.

Dès ses premiers pas Jean-François Hebraud, issus d'une famille de boulangers de Lespinassière, est tombé amoureux de la vie qui l'entoure, quel qu'en soit sa forme. Animaux, plantes, pierres, insectes ou patrimoine culturel, rien ne laisse indifférent cet homme, professeur de biologie à Carcassonne, dont la quête de savoir n'a de limite que le nombre d'heures que compte une journée.

C'est au cœur de la maison familiale, ancienne boulangerie de ce village haut perché sur les contreforts de la Montagne Noire, que Jean-François a amassé avec le temps autant d'objets inusités que de variétés de plantes, de coquillages, de squelettes d'animaux et de fossiles au grès de ses balades et échanges avec d'autres passionnés de la région. Dès la classe de quatrième sa vocation d'enseignant a germé et s'est rapidement transformée en un véritable arbre de connaissances, ô combien variées, mais définitivement ancrées dans la région du Minervois. Un besoin irrépressible de transmission de ce qu'il a pu apprendre ou découvrir, expliquant très tôt à ses cousins et cousines la moindre de ses découvertes.

Son arrière grand-père boulanger, mais aussi musicien (puisqu'il en oubliait le pain dans le four au point de parfois le faire brûler) lui a transmis tout d'abord un amour contemplatif de la nature environnante. Vint alors le besoin de comprendre. Vers l'âge de 8 ans, il commence alors sa collection de spécimens vivants ou non, s'occupant de vivariums et d'aquariums pour mieux comprendre l'évolution de la vie. D'élevages d'insectes ou de poissons jusqu'à l'élaboration d'un véritable jardin botanique personnel, Jean-François compile les espèces du vivant mais aussi les pierres et les fossiles. Son « laboratoire » est un véritable petit musée recelant mille et une merveilles. Lorsque l'école de Lespinassière était encore ouverte, il avait même offert de nombreux spécimens pour l'aquarium de la classe de CP, afin que les élèves puissent les observer et mieux comprendre leur évolution.

L'apprentissage lui aussi en constante évolution

Pour lui, rien ne vaut l'observation du vivant. Il se désespère d'ailleurs d'une réduction de la transmission du savoir à ce qui n'est qu'utile à l'homme ou que ce qui peut uniquement se traduire en son exploitation à des buts commerciaux : « Désormais, on apprend juste pour apprendre quelque chose d'utile, utile pour l'homme, pas juste pour le plaisir de savoir et de savoir pourquoi » déclare t-il. La grande majorité de ses élèves est irrestitiblement attirée par les écrans. Pour le professeur, tandis qu'il y a à peine une dizaine d'années, ces derniers assistaient émerveillés à l'analyse du vivant en ayant « les mains dedans », aujourd'hui sans interface numérique, leur intérêt s'évapore aussi vite qu'un post sur Instagram. Il faut dire que les programmes ont aussi changé, demandant aux élèves une compréhension plus vaste et abstraite totalement décontextualiée par rapport au concret, au palpable.

Jean-François Hébraud est aussi président de l'association Les Triacaïres, dédiée à la promotion, la valorisation, la conservation et la transmission du patrimoine local, qu'il soit lié aux vestiges et à la mémoire du passé ou observable dans le présent. Cette association a publié plus d'une cinquantaine de bulletins couvrant des sujets aussi variés que la forêt, les insectes ou encore les outils utilisés autrefois par différentes professions dont certaines disparues. Il a aussi été publié dans les bulletins de Meridionalis (l'Union des associations naturalistes du Languedonc Roussillon), de la Sesa (Société d'Étude Scientifiques de l'Aude) et a participé à la création d'atlas de répartition d'espèces pour l'EPHE (École Pratique des Hautes Études) de Montpellier. Cependant, c'est au milieu de la nature que l'homme se sent le plus à l'aise, aimant toujours se balader et contempler sa transformation en raison des changements climatiques qu'il ne fait que constater au fil des années qui passent.

Tristan Geoffroy

Classé sous :Actualités Balisé avec :biologie, géologie, hebraud, naturaliste, professeur, tradition

Coordonnées

La Semaine du Minervois
7 Bis, avenue de Homps
34210 – Olonzac
Tel: 04 68 27 86 86
Fax: 04 68 27 86 85
semaineduminervois@wanadoo.fr
Directrice de publication Lydie Rech
N° de Siret : 533 509 634 00028
Hébergeur: Ionos
7 Place de la Gare
57200 Sarreguemines
Tel : 09 70 80 89 11

Soutenez le journal !

Catégories d’articles

  • Actualités (1 275)
  • Brèves (994)
  • Chroniques d'Alfred (22)
  • Correspondants (1)
  • Edito (140)
  • Image à la une (44)
  • Jeunesse (41)
  • La Une de cette semaine (208)
  • Petites Annonces (19)

Archives du site par mois

  • tous en bio en occitanie
  • la une alternatif
  • la une de la Semaine du 15 mars
  • Femmes du Minervois

Copyright © 2022 La Semaine du Minervois