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Chronique au fil de l’eau : au temps où le vin d’Algérie était français

2 avril 2022 By Redaction

Comme un fil rouge qui noue et dénoue ses liens en chacune de ses haltes et de ses ports, se déroulant en douceur au travers du Languedoc, le canal du Midi a tracé l’histoire de la route des vins, entre Toulouse et Sète et bien au-delà… Et c’est ainsi qu’un jour lointain, projetant sur la mer l’ombre furtive de son chenal, il traversa la Méditerranée jusqu’aux terres parfumées d’Algérie.

Une “île singulière”, Sète, s’alanguit entre eau salée et eau douce, porte ouverte du canal du Midi vers la Méditerranée © DR

Si chacun sait déjà que, dès 1681, lors de la mise en navigation de la voie d’eau, les barques de patron du canal et leurs demi-muids furent les principaux acteurs de la grande aventure du transport du vin, celui qui en assura l’un des premiers rôles est le port de Sète. Son négoce, essentiel à l’économie vitivinicole du Languedoc mais aussi à d’autres régions de France, va en effet très vite s’imposer, et les activités de cette porte ouverte du canal du Midi sur la Méditerranée vont se développer dans tous les secteurs de la filière du vin et en dominer les marchés. C’est incitée par l’actualité que notre chronique s’est aujourd’hui plongée dans cette époque où l’Algérie écrivait, elle aussi, des pages incontournables de cette histoire que nous débuterons sur les quais d’une “île singulière”.

Entre le sel et l’eau douce

Bien des cartes postales ont ainsi immortalisé les activités de chargement et de déchargement du vin sur les quais du port de Sète, qui lui aussi fut nourri par ce fil rouge de l’histoire du vin © DR

Par sa situation particulière entre mer et étang, Sète portera le nom d’“île singulière”. Et c’est cette même topographie qui va lui offrir l’avantage de favoriser les échanges entre barques de patrons du canal et bateaux maritimes, permettant sa relation très privilégiée avec le commerce du vin. Durant deux siècles, après que le Chevalier de Clerville eut posé la première pierre du môle Saint-Louis en 1666 et que Pierre-Paul Riquet, dès 1669, put en construire les importantes infrastructures des bassins, Sète est destiné à l’exportation. Grâce à lui, les vins produits dans la “belle province” embarquent à la conquête du monde. Ils partent vers tous les royaumes d’Europe, vers la Russie et même en Amérique du Nord.

Centre des négociants

Une planche illustrée du Larousse 1948 sur le phylloxéra © JP Janier

Cette place de choix va dès lors inciter de nombreux négociants à s’installer au cœur même de ce qui est devenu l’incontournable carrefour du vin. Ils viennent de Montpellier, Paris, Bordeaux mais aussi des capitales de l’Europe du Nord. Et malgré les crises, cet intense commerce sétois d’exportation se poursuit sans embellie. Rien ne tarit son développement, ni la Révolution, pas plus que les chutes de la production viticole dues aux forts dommages de la pyrale en 1830 puis de l’oïdium qui, arrivé d’Angleterre et de Belgique, a atteint les vignes languedociennes en 1851.

Quand d’un puceron naît le marasme

Mais en 1860, arrive des Amériques un petit insecte apparenté au puceron qui va ravager les vignobles du Languedoc, de France et du monde entier ! Alors Sète bascule, lui aussi, dans le marasme ambiant… Les exportations jusqu’alors à la hausse stagnent aux alentours de 450 000 hectolitres par an pour chuter aux environs de 149 000 hl en 1890*. Pourtant la cité portuaire n’est pas prête à fléchir face à la funeste “bestiole”.

Quand les vins se mélangent

Si le vin donna à Sète la dynamique de son développement, ce fut le cas aussi en Algérie – Vue du port d’Oran © DR

Sur les quais, ça s’organise ! Et 1870 voit la création d’entrepôts où se pratique le coupage de vins dits “exotiques”. Ils proviennent de pays “étrangers” et sont à fort degré alcoolique (certains atteignant 15 degrés), une qualité qui permet le mouillage avec “nos” vins du Languedoc qui ont un faible degré. Des vins provenant de Grèce, d’Italie, du Portugal et surtout d’Espagne remplissent alors les chais sétois. Cette nouvelle production va redynamiser l’exportation mais aussi l’importation puisqu’il faut de la matière première pour la réaliser. Les négociants se recentrent sur ces nouveaux marchés car ils veulent servir leurs clients. Ils partent dès lors à la recherche des pays producteurs où ils s’imposent dans les transactions. Toute cette agitation commerciale est au bénéfice du port et du canal du Midi, organes indispensables au transport et à toute l’activité d’échange et de stockage. D’environ 110 000 hl en 1872, les vins importés passent à 3,8 millions d’hl en 1888… De quoi ravir nos Sétois.

Des taxes en faveur des “algéries”

Nous ne pouvions manquer un hommage à La Marie-Thérèse, dernier exemplaire de ces barques de patrons qui transportèrent, de Toulouse à Sète, les vins du Languedoc dans leurs demi-muids © DR

C’est à partir de 1892, alors que la reconstitution du vignoble français s’opère après la crise phylloxérique et que les rendements élevés reprennent, particulièrement dans l’Aude et l’Hérault, que se mettent en place des tarifications douanières qui s’appliquent aux vins importés. Qu’à cela ne tiennent, les négociants vont se tourner vers des productions aux mêmes qualités viniques mais que ne touchent pas ces nouvelles taxes. Or, puisque l’Algérie est alors française, qu’il ne s’agit pas de lui imposer les fiscalités de l’import et que le développement du vignoble y est dans son plein élan, iIs vont tout naturellement y choisir les vins de leur négoce.

C’est dans ce contexte que les “algéries” remplaceront les “espagnes”. Ainsi débute cette petite chronique à la trame d’un fil “rouge vin”, tissé entre France et Algérie, dont vous découvrirez la suite la semaine prochaine.

Véronique Herman

* Sources chiffres – Cycle des Hautes Etudes de la Culture – Clermont-Ferrand

Classé sous :Actualités Balisé avec :Algérie, chronique au fil de l'eau, Oran, puceron, quais, Véronique Herman, Vin

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