Venus du Gard et, en autobus, de plusieurs communes de l’Aude, les Amis du père Jean se sont retrouvés à Fontfroide le 12 novembre, date anniversaire de la mort du père Jean. Très aimablement accueillis par les familles d’Andoque, de Chevron-Villette et Fayet, propriétaires du site, les membres de l’association sont allés se recueillir devant son tombeau avant de pénétrer dans l’abbaye.

Des visiteurs se sont joints à eux pour participer à la traditionnelle messe concélébrée par l’évêque Alain Planet ainsi que par quelques prêtres du Narbonnais, dont les chanoines Olivier Escaffit et Francis Naudinat, aussi président de l’association. En prologue de la célébration, ce dernier s’est réjoui : “Il faut regarder les choses du côté positif, l’an passé nous n’avions pas pu venir ni faire notre retraite annuelle. Cette année, l’association peut enfin poursuivre son but : faire connaître et aimer le père Jean dont le dossier en cause de béatification avance lentement mais sûrement.” “Si la situation liée à la pandémie n’empire pas, la retraite pourrait avoir lieu, peut-être à Fontfroide, mais rien n’est arrêté”, a précisé Robert Servoles, trésorier de l’association.
Qui est le fameux père Jean ?
Né à Valbonne en 1815, Jean-Marie Léonard (père Léonard en religion) est professeur de mathématiques au petit séminaire de Beaucaire puis ordonné prêtre à Nîmes le 21 décembre 1839. En 1856, il rentre à l'abbaye de Sénanque où il devient maître des novices. Sa culture littéraire et scientifique, sa piété profonde et rayonnante, ainsi que son sens pastoral élevé, font de lui un homme très aimé de ses frères. Il sème entre eux un véritable esprit de famille cimenté par la prière. En 1858, le père Jean arrive à Fontfroide avec douze moines pour restaurer les ruines de l’antique abbaye. Il y fait revivre la règle de saint Benoît et, en 1887, est élu vicaire général des cisterciens de l’Immaculée Conception. Sous son égide, l'abbaye devient un foyer de charité, un lieu de retraite et d'accueil. Il y reste jusqu’à sa mort en 1895. Sa dépouille est d’abord enterrée au cimetière. Le renom de sainteté du père Jean et de ses religieux attira à Fontfroide bien des visiteurs de toutes conditions sociales. Afin de répondre à une demande croissante des fidèles, une petite chapelle est construite à l’extérieur pour permettre aux fidèles de venir s’y recueillir sans entrer dans le monastère.
Vers l’officialisation d’un saint audois
Les paroles et les écrits du père Jean Léonard ont exercé une grande influence sur des personnalités comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dom Chautard ou encore saint Antoine Marie Claret qui mourut près de lui. Son rayonnement à travers le temps et l’espace a poussé les autorités religieuses locales à interférer pour sa béatification. Soutenu par les évêques successifs de Carcassonne et de Narbonne et par une association rassemblant ses “Amis”, le dossier, qui était resté au stade de 1968 de “procès informatif”, a été repris par Jean-Marie Petit, professeur à l’université de Montpellier et diacre permanent. Ce dernier a recherché et rassemblé les écrits, la correspondance et autres documents concernant le père Jean ou provenant de lui. La réputation de sainteté de l’abbé ayant joué en faveur de leur conservation, il en a constitué quinze tomes d’environ 600 pages chacun. C’est ce qui a été envoyé à Rome où la “Congrégation pour la cause des saints” est en train de l’étudier. Hélas, le diacre Jean-Marie Petit est décédé le 1er août 2020. Poète et chantre de la langue occitane, il était le postulateur diocésain de la cause du père Jean.
Ses “Amis” en association

“Parmi les plus hautes figures de la spiritualité méridionale, celle du père Jean est probablement l’une des plus attachante. [...] Les populations du Narbonnais, de l’Aude et bien au-delà ne s’y tromperont pas qui se presseront à Fontfroide pour le voir et l’entendre, et auront pour lui une grande vénération. Aujourd’hui encore, un siècle après sa mort, son souvenir rassemble des centaines de personnes. Témoin de la foi et de la charité dans une époque troublée et déjà touchée par l’indifférence religieuse [...) il est le contemporain de toutes les pierres vivantes de l’Église.” Parue au Journal officiel du 3 janvier 1990, l’association “Les Amis du père Jean” s’est constituée sous l’égide de l’abbé Hubert Joulia, prêtre de Rieux, qui en fut le premier président, et de Nicolas d’Andoque, propriétaire de l’abbaye de Fontfroide. Au décès de l’abbé Joulia, le 23 juin 2012, le chanoine Francis Naudinat a pris la tête de la paroisse (qui, en regroupant 18 clochers, est devenue Notre-Dame en Minervois) et de l’association. Cette dernière rassemble près de 200 croyants soutenant la cause du père Jean en Aude, dans le Gard et dans les autres départements où l’abbé a vécu. Ces “Amis” se retrouvent régulièrement au cours de retraites spirituelles ou de sorties sur les traces du père Jean dont, chaque année, le 12 novembre, la messe anniversaire de sa mort. Ces séjours alternent des temps de réflexion et de prière avec des moments de partage et de tourisme plus conviviaux.
Texte et photos Danièle Storaï
Les Amis du père Jean, pour contact : Robert Servoles, avenue Jean-Moulin, La Redorte (11700) ou 04.68.91.41.27.