Joindre l’utile à l’agréable, quand vendanger rime avec s’amuser mais aussi avec œuvrer… pour une bonne cause.
Pas moins de 56 cépages ont offert leurs fruits aux vendangeurs en herbe venus accompagnés de leurs enseignants et de quelques parents d’élèves. Les élèves, armés de seaux et de sécateurs, ont arpenté les rangées. La bonne humeur a été de mise, ainsi que l’ardeur à la tâche ! Après la récolte menée tambour battant, les bouches se délient:
- Je voudrais faire ce métier de vigneron plus tard, j’aime couper les grappes et porter les seaux…
- Ah non, c’est trop lourd, ça scie les mains !
- Et c’est tout poisseux et gluant à cause du jus qui dégouline !

Le jardin de Bacchus une fois vendangé, certains enfants s’éparpillent à nouveau entre les ceps, comme des étourneaux : cette fois-ci, ils collectionnent les appellations aux noms mystérieux :
- C’est marqué un drôle de mot sur l’étiquette : COURNOISE !
- Et là, c’est un mot qui fait rêver : TOURIGA FRANCESE !
- Et pour moi, ça me rappelle un nom de garçon : VERMENTINO…
Deux jeunes filles, sans doute un peu artistes, collectionnent quelques feuilles de vigne, à la belle robe pourpre :
- On dirait de la lave, cette couleur …
- Je vais les mettre dans du papier journal, j’aime ramasser des choses de la nature…
Une autre a le pantalon recouvert de « gaffarottes » bien accrochées au textile, ces petites boules aux mille petits harpons minuscules :
- Ma mère ne dira rien, c’est un pantalon pour travailler, et elle en a aussi plein les habits quand elle vendange !
Puis vient le moment tant attendu du goûter : jus de raisin frais pressé et petit gâteau au chocolat, alors que les tracteurs des vignerons passent et repassent livrer leur chargement. Les vendanges « pour de vrai » ne sont pas finies. Un camion pinardier est en train de délester une cuve à l’extérieur de la coopérative : la récolte cette année est abondante, et la place manque, à cause des répercussions de la crise sanitaire ! Certaines cuves du village doivent aussi reprendre du service … Avant de retourner à l’école, arrive le moment de la photo collective et de la remise du chèque par le directeur de la coopérative, M. Bernard.
En effet, le mélange des cépages récoltés rend leur vinification difficile. Mais le conseil d’administration de la cave a décidé d’offrir, dès le début de l’action il y a presque 30 ans, un chèque représentant le montant estimé de la vente du vin issu de ces raisins rassemblés. Cette année, il s’agit de la coquette somme de 180 euros. Mais quelle en sera l’affectation ? La directrice d’école, Madame Kaiser, explique que les élèves choisissent et votent pour une association caritative ou environnementale qui en sera la bénéficiaire, et cette année leur choix s'est portée sur l’association de protection de la nature « Les Robins des Bois ».
L’enseignante reprend la parole : " Les élèves ont porté leur choix sur cette association-là, autant pour la beauté pittoresque du nom que pour la sensibilisation aux actions écologiques. Ils ont vu cet été à la télé le sort misérable d’oiseaux mazoutés dans l’océan, à cause d’une pollution aux hydrocarbures. Cela les a chamboulés. Les diverses recherches pour préparer cette matinée et le vote pour l’association élue, tout les passionne." Gageons que cette matinée restera dans les mémoires. Elle sera à la fois fort utile pour la nécessaire prise de conscience des enjeux environnementaux, l’apprentissage de la citoyenneté et… la sensibilisation au travail pas toujours facile de la vigne.
Christiane Lehmann
À noter :
Le jardin-vignoble miniature a été créé en 1993. Appelé « Jardin de Bacchus » selon le dieu du vin et de l’ivresse chez les Romains, et situé à côté de la Cave Coopérative de Pouzols-Mailhac, cet arpent « pédagogique » a profité depuis son origine des conseils d’un ampélographe (d’ampélos, en grec, étude scientifique de la vigne) : Jean-Michel Boursiquot. Récemment d’ailleurs, ce spécialiste de la génétique des raisins, est venu rectifier quelques dénominations de variétés. Une dernière visite avant la retraite.