Dans le cadre de notre numéro spécial sur la Semaine du Minervois, retrouvez les témoignages de correspondants, rédacteurs et membres passés et actuels dans les articles de cette semaine.
Maligne ! Voilà comment j’avais trouvé la création du journal la Semaine du Minervois qui a, depuis, largement prouvé son utilité.
En effet, c’est un organe d’information fédérateur, sur un territoire à l’identité tiraillée de longue date entre Aude et Hérault* et plus encore depuis les regroupements de communautés de communes par “bassin de vie”, en d’autres termes autour des pôles urbains de Narbonne et de Carcassonne. Quels sont encore aujourd’hui les points communs entre Pouzols-Minervois, Félines-Minervois et Villeneuve-Minervois à part leur “nom de famille”, qui est aussi celui de l’appellation viticole ? Cet hebdo entretient un lien, donne des nouvelles de tout un chacun, permet de savoir ce qui se passe tout près de nous chez nos “cousins voisins” sans être obligés d’acheter trois éditions de la presse locale, Narbonne, Béziers et Carcassonne… Il est utile tant aux locaux qu’à ceux qui ont quitté le pays minervois et à nos visiteurs à qui il donne un aperçu de la vie locale complétant celle des catalogues touristiques.
Mais, la Semaine n’échappe pas à son époque, crise de la presse écrite, concentration des médias, mondialisation des déplacements et des échanges où, comme tant d’autres, il lui faut sans cesse se réinventer.
Curieux destin que celui du Minervois héraultais, la tête au nord, le cœur et les jambes au sud…
En remontant dans le temps, on peut constater que cette dichotomie s’est inscrite dans son quotidien de longue date. Il était rattaché à la province romaine de la Narbonnaise qui s’étendait alors jusqu’au col du Cabarétou. Mais, au Moyen Âge, l’archevêché de Narbonne, devenu trop puissant, a été scindé en de multiples entités et le secteur d’Olonzac s’est retrouvé rattaché à l’évêché de Saint-Pons-de-Thomières.
Lors de la création des départements après la Révolution française, bien que toutes les communes aient voté pour être audoises, la quinzaine de villages du Haut Minervois a été rattachée à l’Hérault, faisant fi du principe de la journée de cheval pour rejoindre la préfecture. Sans doute le périmètre de la sous-préfecture de Saint-Pons avait-il besoin de s’étoffer et d’avoir une ouverture vers la riche plaine.
En zoomant sur le siècle dernier, on s’aperçoit que la situation aurait pu basculer. Par-delà la frontière administrative départementale, les communes riveraines ont su collaborer, notamment en créant ensemble après la Seconde Guerre mondiale le si précieux Syndicat du Brian et ses kilomètres de réseaux d’adduction d’eau, en organisant ensemble le Festival du Minervois, en choisissant de concert le site d’une déchetterie commune implantée à Pépieux et gérée par une convention de partenariat. Même les départements s’y étaient mis, en cofinançant à parité l’aménagement du lac de Jouarres !
Mais, première occasion ratée lors de la possibilité de regroupement offerte par la loi Voynet de 1999, le “Pays Minervois” fut mort-né. à l’orée de la crise viticole, la jeune appellation d’origine contrôlée Minervois n’a pas réussi à peser suffisamment dans la balance et restera écartelée entre une multitude d’interlocuteurs administratifs.
Une seconde occasion s’est présentée en 2015 lors de la mise en application de la loi de Nouvelle organisation territoriale de la République. Une fois encore le secteur d’Olonzac, bien qu’il puisse rester autonome, a été appelé à rejoindre le Saint-Ponais, par-delà la montagne Noire et à contre-courant des flux quotidiens de ses habitants.
Irène Prioton, vigneronne