
À Caunes-Minervois, comme partout ailleurs, le café-restaurant La Grande Fontaine languit d’installer sa terrasse et de revoir du mouvement, des clients, de la vie. Si le doux bruit de l’eau jaillissante des mascarons en marbre de carrare de la fontaine tient compagnie aux cafetiers, les soupirs qui s’échappent des masques sont révélateurs. Le constat est attristant. Les clients de passage et les touristes absents, les habitués ne comblent pas ce manque à gagner. Les ventes de journaux et de magazines tournent au ralenti. Les fumeurs sont stables, ne consommant, pas plus ni moins, de cigarettes. La salle, depuis l’an dernier, offre un spectacle d’équilibrisme où chaises et tables rivalisent adroitement en se superposant. Les bouteilles bleu turquoise alignées sur le comptoir, se dressent fièrement dans l’attente de garnir les tables qui seront parées de parasols aux couleurs de l’été. Le rideau de plastique protégeant les buralistes, nous fait voyager dans les sas de décontamination mis au point pour les missions de secourisme international.
Entre image de cirque et de catastrophe bactériologique, les étagères offrent un refuge aux flacons d’alcool et aux tasses à café mis au rancart, sous l’œil attentif du distributeur de cacahuètes. Le décor d’avant ne tient qu’à un claquement de doigt pour se réveiller. Mais va-t-il claquer début mai ? Pour l’instant, la vaccination silencieuse remplace lentement le son cristallin de « à la tienne ! », « tchin ! », « à nous ! », « santé ! »... et nous permettra souhaitons le, de nous réunir en toute confiance.
Virginie Pospisil Puente