Dans les communes rurales où il n’y a pas d’Ehpad, la vaccination c’est l’Arlésienne d’Alphonse Daudet : on l’attend mais elle n’arrive jamais. Pourtant, dans ces villages, une grande partie de la population est vieillissante donc à risque.
Partout, les habitants prioritaires ont reçu un courrier daté du 21 janvier, provenant du Ministère de la Santé et de l’Assurance maladie pour les inciter à se faire vacciner en leur expliquant comment procéder. Depuis lors, ils tentent plusieurs fois par jour d’obtenir un rendez-vous dans l’un des centres mis en place sur le département. Par téléphone : le numéro indiqué par la préfecture de l’Aude n’est plus en service mais au 0800.54.19.19, un enregistrement signale que tout est complet. Par Internet, le site sante.fr permet d’accéder facilement aux inscriptions. Il suffit de sélectionner le nom de son département pour voir apparaitre tous les centres en fonctionnement. Hélas, pour ce qui concerne la 1ère injection du vaccin Pfizer-BioNTech, pas besoin de cliquer sur chacun : tous affichent « Ce centre n’a pas de disponibilités durant les 28 prochains jours » ; avis suivi de : « Réessayez dans quelques jours ou cherchez un autre centre ». Mais chaque jour de chaque mois, ce sont les mêmes mots, de vrais maux psychologiques pour un public déjà fragile.
Le ras-le-bol monte
L’autre souci est que sans l’obtention de ce rendez-vous, il est impossible de réserver le transport gratuit mis en place par Carcassonne Agglo. Des navettes dont le Minervois n’a d’ailleurs pas vu la couleur depuis qu’elles ont été annoncées, il y a plus de six semaines. Les villageois intéressés en arrivent à se poser maintes questions comme : « Par quel moyen et dans quel espace ‘temps’ s’inscrire quand les plannings sont complets jusqu’à la fin du mois et qu’ils sont déjà saturés au 1er du mois suivant ? La nuit du 31 au 1er peut être », ou alors : « De quels moyens ont disposé les personnes déjà vaccinées quand nous, on n’y arrive pas et qu’on ne connait personne autour de nous qui l’a été ? ». Frustration, colère et/ou suspicion de passe-droit montent à cause de « cette nouvelle inégalité qui touche la ruralité », une ruralité « qui n’est bonne qu’à payer des services qu’elle n’a plus mais qui, la preuve, ne sont pas perdus pour tout le monde ». Comment justifier ces disparités de traitement ?
L’attente à Peyriac
Âgée de 86 ans, titulaire des cartes d’invalidité et du GIC, hospitalisée en urgence à cinq reprises au cours des quatre dernières années (gros problèmes pulmonaires, cardiaques et ayant pancréatite aigüe à Noël dernier), cette mamie qui souhaite rester anonyme entre largement dans la catégorie des ‘prioritaires’. Pourtant, malgré les démarches journalières (téléphone et internet) qu’elle et sa fille multiplient depuis deux mois, elle n’a encore obtenu ni rendez-vous ni interlocuteur. En désespoir de cause, elle a appelé l’hôpital de Carcassonne où, sans pouvoir la renseigner, la personne en ligne lui a passé « une responsable ». Cette dernière lui a conseillé : « Madame, continuez à téléphoner vous finirez bien par tomber sur quelqu’un et en attendant ne sortez plus de chez vous ». Mais comment faire dans ce village où il n’y a plus ni épicerie ni médecin ?
En cours à La Redorte
Les résidents de la Maison de famille Antinéa ont fait partie des premières personnes à recevoir le vaccin. La majorité des résidents a pu bénéficier des deux injections du vaccin nécessaires à une protection efficace (l’une effectuée le 20 janvier et la seconde, le 10 février.) Les personnes âgées de 50 à 74 ans atteintes de comorbidités n’ont pas été oubliées. À l'initiative de la municipalité, une rencontre a eu lieu avec les professionnels de santé afin de peaufiner l'organisation de la campagne de vaccination qui débutera à partir du lundi 22 mars sur rendez-vous. L'injection du vaccin AstraZeneca sera réalisée par les pharmaciennes, le médecin généraliste et les infirmières du village. Les inscriptions sont obligatoires à la pharmacie ou auprès du cabinet d'infirmières. Les tests PCR et antigéniques sont également possibles au cabinet d'infirmières, sur rendez-vous.
Danièle Storaï