À peu de jours de la fin des vendanges, les conseillers départementaux ont effectué la tournée des caves coopératives pour faire le point. À cause du gel d’avril et de la sécheresse estivale, toutes accusent une baisse de récolte qui, selon les terroirs du canton, va jusqu’à près de 60%. La moyenne audoise avoisinant les 45%.
La Redorte
Les conseillers Alain Ginies et Françoise Navarro-Estalle ont débuté leur périple le 30 septembre par la cave coopérative L’Avenir de La Redorte. Ils y ont été rejoints par le maire Christian Magro. Didier Rey, président de la structure, leur a fait un point quasi exhaustif sur cette récolte. La perte de quantité liée aux conditions climatiques varie de plus de 50% à près de 60%. « Ce que le gel n’a pas brûlé, la sécheresse l’a fait mais s’il n’avait pas plu, ça aurait été pire. Heureusement, l’état sanitaire étant très bon au départ, les 75 mm de pluie n’ont pas amené du pourri mais, au contraire, ont fait du bien. Ici, on a fermé pendant 10 jours après la pluie et on bien fait : on a gagné tant en poids qu’en maturation ». Le président a conclu : « Ici près de 80% des adhérents et la cave sont assurés mais les vignerons et les caves qui ne le sont pas, ne s’en sortiront pas ». Les dirigeants ont du faire face à d’autres soucis : un litige au sujet d’une machine en panne et la cessation d’activité Covid qui a induit un grand retard dans l’approvisionnement en matériel (bouteilles, piquets, etc.). Ils ont aussi pointé manque de personnel saisonnier : « Plus personne ne veut travailler, c’est un problème de fonds ». Alain Ginies a objecté les mesures mises en place pour permettre aux chômeurs et aux bénéficiaires du RSA de travailler de façon ponctuelle sans perdre leurs droits ni à avoir à remonter leur dossier. Mesures qui, selon les professionnels présents, sont loin d’avoir atteint les objectifs escomptés.
Azille
Un groupe composé du maire, George Saliège, du président de la cave, Gilles Fongaro, de sa directrice, Céline Decambiaire, et de viticulteurs, attendaient les élus devant les quais. Les vendanges ne s’achevant que le lendemain, ceux-ci étaient encore ouverts pour recevoir les derniers apports. La cave accuse une baisse de récolte de près de 50% et, comme à La Redorte, elle subit un problème crucial de personnel. Selon la directrice, il devient aussi difficile de recruter des saisonniers, « Notamment les décuveurs sont introuvables », que d’embaucher des permanents. « Les gens n’en veulent pas », s’est indigné le président Fongaro. Il a également abordé la complexité administrative à laquelle se heurte la structure « Ce qu’il nous manque ces sont des chefs d’entreprise (...) Les adhérents se reposent sur la structure et les dirigeants ». La discussion s’est ensuite axée sur la refonte nécessaire du système assurantiel. Les coopérateurs azillois se sont insurgés : « Les assurances devraient être obligatoires pour tous car, à l’heure actuelle, les non assurés bénéficient de plus d’aides. Ce n’est pas juste pour ceux qui le sont et qui, de surcroît, voient leur cotisations augmenter pour compenser les autres. »
Pépieux
C’est le nouveau président de la cave, Pascal Hernandez qui, accompagné du directeur Emmanuel Fons, a reçu les élus. « Si la coopérative pépieuxoise n’enregistre « que » 20% de récolte en moins, c’est surtout parce que l’augmentation de sa superficie (plus 100 hectares) a compensé les pertes. Au début, elles s’élevaient à plus de 30% : 10% liés au gel et 20% à la sécheresse », ont expliqué les dirigeants. Au cours de ces vendanges, la cave a dû s’arrêter deux fois à cause de la pluie. « Par chance, après la pluie, le vent a sauvé la récolte du gâté (...) On s’en sort bien. Par contre, c’est très inégal selon les exploitations. »
Rieux
Membre du Groupe Alliance Minervois*, la cave de Rieux (ou Celliers de Mérinville) a ensuite accueilli les conseillers en présence du maire Bernard Yagues et de la première adjointe Michèle Le Pallec. « Pour le groupe, on comptait 200 000 hl en 2020. Cette année, il faut tabler sur 135 000 hl, soit moins 33 % », a déclaré le président Michel Agnel. Il a poursuivi : « Comme on le répète chaque année, nous rencontrons toujours un gros problème de surcharge administrative. On a dû embaucher deux personnes uniquement pour remplir les dossiers. Les viticulteurs se dirigent vers le bio, mais les charges administratives sont encore plus lourdes ». Il a pris à parti les conseillers : « On a l’impression que tout se passe à Paris mais nos élus nationaux ne font pas le boulot ! Il faut protéger les campagnes et l’agriculture locale (...) en assouplissant le côté administratif. Tout est trop lent, il y a trop de contraintes en plus d’une année difficile. On attend de vous que vous fassiez remonter ça ». D’autres problèmes ont été soulevés : la révision de l’assurance, l’irrigation, le vieillissement des exploitants et le peu de reprises par des jeunes. Il a conclu : « En dépit de leur petite pension, les propriétaires retraités ne peuvent continuer leur activité alors que c’est possible pour les employés agricoles. Il faut laisser les gens travailler (...) Les vignes entretenues sont des coupe-feux très utiles pour préserver l’environnement, on l’a vu cet été. La véritable écologie est là. Les gens qui sont dans les bureaux à Paris sont déconnectés de la réalité (...) On va détruire l’agriculture française et puis on ira acheter les produits au Brésil ou ailleurs sans se soucier des normes... ». Une incohérence également soulignée par les coopérateurs d’autres villages.
*Le Groupe Alliance Minervois est né en août 2008 de la fusion des coopératives d'Homps, La Livinière, Villalier et Rieux, rejointes en août 2012 par de celle d'Azillanet.
Peyriac
C’est au Cellier de la Tour Saint Martin que les élus ont terminé leur première journée de tournée. La cave peyriacoise n’a pas été épargnée par les intempéries puisqu’elle enregistre un manque de 2500 à 3000 hectos, soit 10%. « Ce qui est peu au regard des autres (...) même si nous avons une croissance de superficie depuis quelques années », ont précisé le président Philippe Coste et son bras droit, Stéphanie Cichocki. En présence de Michel Esteban, représentant la municipalité, les conseillers Alain Ginies et Françoise Navarro-Estalle ont évoqué les aides mises en place pour pallier la cessation d’activité liée au Covid. « Le président Macron a fait ce qu’il fallait avec les prêts à O% » a répondu le président Coste. La discussion s’est poursuivie sur la commercialisation : la vente au caveau, qui fonctionne très bien ; les contrats avec la grande distribution, qui ont permis de tenir pendant les confinements ; et la récente obtention de différents marchés à l’export, notamment en Ontario, « Mais c’est du boulot pour les décrocher ! ». Des points positifs nuancés par l’augmentation des coûts de transformation : « On ne peut plus faire d’économie d’échelle ». Élus et coopérateurs ont fait le point sur l’avancée du projet d’irrigation tout en dégustant un vin blanc de la Tour St Martin que tous ont trouvé excellent. Dès le lendemain, les conseillers ont repris leur tournée par Puichéric, Laure, Villeneuve, etc. Autant de sites où les préoccupations n’ont que peu différé.
Danièle Storaï