Réalisation : Marion Laine
Durée : 1 H 31
Avec : Sandrine Bonnaire, Brigitte Roüan, Aure Atika, Sara Stern
Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, avec ses collègues elle se bat pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectifs. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain. Voilà un film qui rend hommage aux soignantes. Il y a Jeanne, Sylvie, Francesca, Mélissa et les autres. Tout commence par un long plan séquence dans un couloir surpeuplé. Les femmes sur le point d’accoucher attendent d’être amenées en salle de travail. On sort avec Sylvie l’infirmière responsable du service chercher Jeanne devant l’hôpital et l’on revient avec elle dans ce long couloir bruyant. C’est à la fois l’arrivée du personnage principal et la plongée dans ce milieu hospitalier sous tension. La réalisatrice nous ouvre là les portes de cette maternité et de son milieu professionnel avec une grande maestria.
Tout est en effet dans l’humilité, le respect et l’ émotivité. On reste subjugué par l’intensité de chaque actrice, par l’immense franchise que chacune d’elles nous offre, nous permettant ainsi de ressentir toute la tension et toute la difficulté de travailler ensemble, de se côtoyer et de faire front, tout en essayant de faire de son mieux, alors que les conditions environnantes sont désespérantes et déplorables. Un mari inquiet tente de rassurer sa compagne, enceinte de jumeaux, qui se tord de douleur. Une jeune fille qui vient d’avorter, agrippée à un pied à perfusion, se dispute avec son compagnon. Dans cet hôpital public confronté, comme tous les autres, au manque de personnel et à la réduction drastique des moyens, chaque minute compte. La caméra suit le corps et les visages des femmes, leurs gestes, leurs batailles intimes et professionnelles. Soudées, en dépit de quelques tensions, elles forment un chœur qui se retrouve pour chanter Mamy Blue.
Dans le rôle de Jeanne, Sandrine Bonnaire est lumineuse. Elle laisse deviner les peurs de son personnage, son indépendance farouche. Contrastant avec le réalisme presque documentaire des scènes d’hôpital, les flash-back élégants, où se superposent les visages de Jeanne au présent et à 30 ans, donnent au film une dimension particulière.
Jean Segonne