Réalisation : Yerlan Nurmuklambeoy
Durée : 1 H 24
Avec : Mirai Moriyama, Samal Yeslyamova, Madi Minaidarov
Olzhas, douze ans vit avec sa famille dans les steppes kazakhes. Les paysages qui l’entourent sont d’une beauté époustouflante mais la vie y est rude. Son père, Odasyn, est éleveur de chevaux et part vendre quelques têtes de son troupeau dans un village voisin. Olzhas l’accompagnerait bien, mais il doit rester pour aider sa mère. Il sait cependant qu’avec d’autres gamins de son âge, il pourra échapper à la vigilance des adultes pour espionner un couple de jeune amants qui se retrouve à la cascade. Et tandis qu’Olzhas vit sa vie d’enfant, faite d’insouciance et de découvertes, son père Odasyn et les deux paysans qui l’accompagnent tombent dans une embuscade, sont trahis et exécutés par des voleurs. Tiré d’un fait divers, le film se déroule au début des années 2000, période encore marquée par l’instabilité politique provoquée par le démantèlement de l’Union Soviétique. Au moment où le jeune garçon découvre l’émoi érotique, la beauté de la nature, il doit aussi faire face à la cruauté du monde et, très tôt, prendre la place de son père en luttant pour la survie de la famille. Le jour-même de l’enterrement d’Odasyn, un inconnu énigmatique arrive au village. Seule Aigul, la mère d’Olzhas, semble connaître cet homme dont le retour, après huit années d’absence, ne semble pas la remplir d’une joie extrême. Il se propose cependant pour aider au déménagement car la mère a décidé de retourner dans sa ville natale avec l’enfant et ses petites sœurs, ainsi qu’avec les chevaux que le père leur a laissés. Escortée par les chevaux rescapés du troupeau d’Odasyn, eux-mêmes guidés par le nouveau venu, la petite troupe se met doucement en chemin, au travers des steppes arides. Ces grands espaces et deux scènes de violence qui vont surgir créent une ambiance de western. Toutefois nous sommes avant tout dans une analyse sur le sentiment de vide face à la destruction de la cellule familiale. Devant des images à nous couper le souffle nous devons deviner un passé inconnu, interrogé par le regard du petit garçon curieux de ce qu’on lui cache (on ne lui annonce même pas la mort de son père). C’est l’humain qui reste au centre de l’histoire et surtout on vit ce drame à hauteur d’un enfant, qui ne comprend pas ce qui se passe mais dont le regard finit par nous émouvoir.
Au Colisée à Carcassonne
Jean Segonne