Beaucoup croient que la Toussaint, célébrée le 1er novembre, est la fête des morts alors que, comme son nom l'indique, c’est la fête de tous les saints connus et inconnus. C'est le 2 novembre qui est dédié aux défunts. Cette proximité calendaire rappelle le fil tenu entre la vie et la mort.
Le culte des morts existe depuis des temps immémoriaux. Il célèbre une affiliation et l'ancrage de la lignée, en les inscrivant dans un temps déterminé. C’est grâce aux tombes trouvées lors de fouilles, à leur mobilier funéraire et aux offrandes faites aux défunts, que les anthropologues, archéologues et paléontologues, ont pu déterminer le fonctionnement sociétal ou mode de vie à telle ou telle époque. Toutefois, chaque pays a ses propres coutumes, en fonction de la religion ou des traditions. Ces rites permettent aux proches d’effectuer leur travail de deuil, d’apaiser la douleur de la perte. En France, si l’on ne célèbre que peu la Toussaint, le jour des morts donne l’occasion à beaucoup d’aller déposer des fleurs sur la tombe de leurs chers disparus, d’honorer et perpétuer leur mémoire, ou parfois même, d’aborder le délicat sujet qu’est la mort avec les enfants.
Inhumation et loi en vigueur
Selon la loi, le défunt est obligatoirement placé dans un cercueil ou une urne. Son enterrement a lieu le plus souvent dans un cimetière, celui de la commune où il vivait, celui de la commune où il est décédé ou celui où se trouve le caveau de famille. L'inhumation est aussi possible dans une autre commune, mais le maire peut la refuser. Si le défunt n'avait pas de concession, il est inhumé en terrain communal, dans un emplacement individuel. Cet emplacement est fourni gratuitement pour au moins 5 ans. La sépulture est aménagée selon les souhaits du défunt ou de ses proches et dans le respect du règlement du cimetière communal. L’inhumation doit avoir lieu six jours au plus après le décès, sauf exceptions. En 1993, la loi a mis fin au monopole communal du service des pompes funèbres. Depuis, chacun est libre de choisir l’entreprise qui dirigera les obsèques.
Tous égaux devant la mort ?
Une liberté toute relative car, évidemment, cet accompagnement et la prise en charge totale ou partielle de l’organisation des obsèques ont un coût. Si le défunt n'a pas souscrit de contrat d'obsèques, les frais sont prélevés sur les biens de la succession. Les tarifs des prestations obligatoires proposées par les pompes funèbres oscillent entre 3500 et 5000 euros. Ces montants, qui dépendent de la pratique mortuaire choisie (enterrement ou crémation), de la nature de la cérémonie funéraire (civile ou religieuse) et du choix du cercueil, peuvent atteindre des sommes bien plus importantes. D’autant que les familles ont de plus en plus tendance à recourir à des prestations complémentaires qui alourdissent la facture : thanatopraxie, couronnes de fleurs mortuaires, diffusion de la cérémonie en direct sur le web, location d'une chambre mortuaire dans un funérarium... La mort est devenue un marché comme les autres.
Les cendres, des défunts SDF...
Les résultats d’une enquête réalisée par le CREDOC concernant les pratiques liées aux obsèques montrent que les Français délèguent de moins en moins l’organisation de leurs funérailles à leurs descendants. Mais en les soulageant de cette préparation (souvent douloureuse il est vrai), ne les privent-ils pas d’une étape préalable au travail de deuil ? L'éclatement de la cellule familiale et la diminution régulière des pratiques religieuses, entre autres causes, entraînent un bouleversement de la cérémonie mortuaire. La crémation est devenue beaucoup plus courante, sans pour autant être accompagnée d'une cérémonie de remise des cendres. Leur destination reste diverse et n'obéit pas encore à une norme établie, comme c'est le cas avec l'inhumation dans un cimetière. Dans une société à qui l’on demande de plus en plus de mobilité et sans lieu mémoriel fixe comment perpétuer la mémoire des défunts ? Qu’auront les anthropologues du futur pour connaitre notre civilisation ?
Texte et photo Danièle Storaï